Kestrel Audio KT-200 : Toujours plus haut

Un article publié le 15 Juillet 2023 sur 7review par Nick tate

lien vers l’article en VO https://7review.com/kestrel-audio-kt-200-review/

traduction et adaptation : Pascal Grammon

Nick Tate commence à sentir le poids des ans, lorsqu’il essaie la nouvelle platine KT-200 de la jeune firme Kestrel Audio. Lisez notre test de la Kestrel Audio KT-200.

Si vous m’aviez dit, lorsque j’ai acheté mon tout premier LP – Arrival de ABBA en 1976 – que près de 50 ans plus tard, je serais encore en train d’écouter des disques noirs sur des platines nouvellement commercialisées, je vous aurais ri au nez. Et pourtant, nous voici en 2023 avec une nouvelle platine vinyle d’une nouvelle société britannique.

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Le fait que la marque soit le fruit du travail de Will Turrell – qui est, pour le dire poliment, assez jeune pour considérer ABBA de la même manière que je considère George Gershwin, c’est-à-dire comme de l’histoire ancienne – donne encore plus à réfléchir à certains d’entre nous, audiophiles d’un certain âge. William, passionné de percussions depuis son plus jeune âge, a renoncé à une carrière de musicien pour travailler dans l’ingénierie. Puis, pour faire court, il s’est associé à Kevin Edwards de Talk Electronics et a lancé Kestrel Audio en 2022.

La KT-200 est la référence de la gamme de platines Kestrel et elle est au moins aussi bien fabriquée et finie qu’une Rega de prix équivalent. En effet, comme nous le verrons plus loin, elle est sans doute plus intéressante d’un point de vue technologique. Il s’agit d’une platine manuelle à entraînement par courroie, dont le plateau est en acrylique usiné de 18 mm d’épaisseur. Le socle est fini dans un choix de Makassar brillant ou de noyer, le premier ressemblant beaucoup au Zebrano.

Le bras de lecture Talk A5 Carbon est doté d’un élégant dispositif de réglage d’anti-skating, et la force d’appui est réglée en déplaçant l’un des deux contrepoids fournis, puis en le fixant à l’aide d’une vis sans tête à clé Allen. Avec son tube de bras en fibre de carbone et son sous-ensemble en Perspex formant le repose bras, il s’agit d’un beau design qui semble plus cher que son équivalent chez Rega. Comme il s’agit d’un unipivot, l’installation d’une cellule est un peu délicate, et les fils ultra fins de la cellule ne facilitent pas les choses. Mais j’ai réussi à installer, aligner et équilibrer une cartouche Audio-Technica ATVM95E (HFC 444) en 15 minutes environ. À l’arrière, on trouve deux prises phono RCA et une borne de mise à la terre.

*Un cable RCA RCA de bonne facture est fourni, ainsi qu’un cable de terre, mais l’évolution vers une liaison plus qualitative est possible, pourquoi pas un Chord Compagny Clearway ou Shawline Phono .

Le moteur 24 V est essentiellement un modèle Pro-Ject modifié avec des bagues améliorées et utilise le même adaptateur secteur externe, qui se branche à l’arrière de la platine, avec un interrupteur marche/arrêt à côté de la prise d’alimentation. Lors de l’examen de platines abordables, il est utile de savoir si le sous-plateau est en plastique ou en métal. Heureusement, le KT-200 possède ce dernier ; il s’agit d’un moyeu en aluminium anodisé sur mesure autour duquel tourne la courroie en caoutchouc. La plus grande précision de ce type de sous-plateau devrait permettre une meilleure stabilité de la vitesse, et il est moins résonant que le plastique moins cher ; la poulie d’entraînement est également en aluminium. Le palier principal utilise un roulement à billes en céramique blanche. Un couvercle cache poussière en acrylique clair plié de type Z est fourni.

Dans l’ensemble, l’impression générale est celle d’une platine qui utilise beaucoup de pièces d’origine sur mesure de très belle facture, fabriquées pour la plupart au Royaume-Uni. Le bras de lecture Talk est une très bonne surprise, car de nombreux fabricants de platines utilisent des dérivés Rega. Il n’y a rien de mal à cela, car les bras de la série RB sont excellents, mais celui-ci semble plus original et sa technologie uni-pivot lui donne un son distinctement différent.

*Les Bras de lecture Talk Electronic sont des uni-pivots sécurisés, donc aucun risque que le bras ne tombe suite à une fausse manip.

Qualité du son

Depuis environ 25 ans, les acheteurs de platines à petit prix ont le choix entre deux types de qualité sonore : Rega ou Pro-Ject. La première est nette, propre et détaillée, la seconde est un peu plus souple, plus douce et plus fluide. À cela s’ajoute désormais le son Kestrel, qui se situe quelque part entre les deux. C’est en fait une très bonne place et son caractère n’est pas très éloigné de celui des platines Michell d’entrée de gamme plus chères. Doux, homogène, tonalement assez neutre, musicalement engageant et assez spacieux. Pas mal pour moins d’un millier d’euros.

Comme la Rega Planar 3, la KT-200 est l’une de ces platines « abordables » qui est juste assez bonne pour que l’auditeur n’ait pas à se trouver d’excuses. Des réflexions telles que : « si seulement elle avait plus de détails » ou “pas mal pour le prix” ne viennent pas à l’esprit parce que les capacités générales de la platine sont suffisamment bonnes pour que vous n’ayez pas à vous inquiéter. Elle fait preuve d’une bonne stabilité de vitesse – bien que nous ne parlions pas ici de niveaux de direct-drive Technics – et le bras de lecture suit très bien, bien qu’il ne s’agisse pas d’un SME Series V. Cela signifie que vous pouvez mettre n’importe quel disque, le jouer et l’apprécier, en toute sérénité.

Cette platine offre un jeu, équilibré, fluide, détaillé sans défaut apparent.

Prenons par exemple le rock prog martelé et chaotique de “Roundabout” de Yes. Il offre une interprétation convaincante de la section d’ouverture, avec une forte dynamique et une belle tonalité des guitares, avant de se lancer dans la section principale. Elle met très bien en valeur la basse caractéristique de la chanson, donnant un son rapide, funky et fluide. Les voix sont portées avec précision, sonnant un peu anémique comme il se doit. Les claviers poussent fort à gauche et à droite, montrant la capacité de la platine à produire du son. Les nombreux changements de signature temporelle et les différentes sections de ce morceau peuvent être un cauchemar pour les platines économiques, dont beaucoup perdent le fil. Mais le KT-200 est capable de s’accrocher et de donner un sens à ce morceau. De même, il n’est jamais sibilant sur les pics de dynamique, faisant preuve d’une confiance inattendue à ce prix. Sur ce morceau, certaines platines vinyles bon marché produisent le genre de bruit qui, s’il était entendu dans le jardin d’un voisin, vous ferait téléphoner à la police. Pourtant, la Kestrel fait preuve de grâce même sous l’extrême charge musicale, de la section finale complétement folle de ce morceaux d’anthologie du Prog.

La suite s’avère tout aussi intéressante avec de la musique électronique moderne basée sur le rythme, telle que “I Surrender” de Tom & Jerry. Un bon contrôle des basses permet d’établir une base solide pour ce breakbeat puissant, permettant à ce bras de lecture précis de creuser dans la bande moyenne et de reproduire tous ces échantillons pitch-shifted avec une grande clarté. De même, avec l’électronique vintage de “Chase” de Giorgio Moroder, il délivre un groove puissant très agréable à écouter. Encore une fois, on sent que la platine s’amuse – au lieu de s’efforcer de reproduire chaque détail, elle préfère s’imprégner de l’ambiance générale.
Cela fait du KT-200 une platine très agréable à écouter, quel que soit le type de musique que vous jouez. Il est capable d’offrir une plate-forme stable à d’excellents morceaux à base de voix féminines, comme “You Might Need Somebody “de Randy Crawford et “Wishing On A Star” de Rose Royce. Ces deux classiques hybrides soul/disco sont des enregistrements entièrement analogiques ; avec un son aussi délicieux, tactile et velouté, on se demande pourquoi on a inventé l’audio numérique ! Le son est si naturel et organique que les versions en streaming, même avec le meilleur équipement haute résolution, ne peuvent être comparées.

Conclusion

Dans l’ensemble, il s’agit d’une première platine impressionnante de la part de Kestrel Audio. S’appuyant sur les composants de qualité de Talk Electronics, Will Turrell a produit une platine extrêmement bien fabriquée et finie, sans défauts apparents – une platine qui a fière allure et qui sonne aussi bien qu’on peut l’espérer à ce prix. Il sera intéressant de suivre l’évolution de cette marque et si le KT-200 est un bon exemple, je pense que toutes les platines de cette gamme de trois appareils donneront à leurs rivaux matière à réflexion.

*Depuis la date de parution de cet article, Kestrel Audio a lancé sur le marché la KT300, un modèle plus ambitieux dotée d’une alimentation moteur externe de précision, d’un magnifique nouveau bras de lecture aluminium laiton, carbone, et d’une plateforme de découplage.

*La gamme de platines vinyles Kestrel comprend donc deux modèles entrée de gamme les KT50 et KT100, puis les 2 modèles haut de gamme KT200 et KT300.

COMPARAISON

Le légendaire Planar 3 de Rega, avec son alimentation externe TT, est un rival redoutable, la platine à battre en dessous de la planar 6 de Rega. Grâce à l’excellent bras unipivot de la Kestrel, le son est légèrement plus fluide et plus musical, mais les basses sont légèrement plus douces et les aigus moins précis. La Rega a également une stabilité de vitesse légèrement supérieure, alors que la Kestrel semble avoir une image un peu meilleure.

*Vous pouvez aussi faire évoluer la KT200 par le simple ajout d’une alimentation moteur Kestrel Speed Controler et a ce moment là, la KT200 surclasse les Rega. Notons que le réglage de VTA est simple comme tout contrairement aux Rega, et que le réglage d’azimuth est possible contrairement aussi aux Rega .

*Dans l’absolu il sera possible de régler parfaitement une platine Kestrel KT200, et donc d’optimiser la lecture des sillons, là ou Rega laisse pas mal de place au flou.

Les performances sont très proches les unes des autres et il s’agit essentiellement d’une question de préférence personnelle pour savoir laquelle des deux est la meilleure.

*notes du traducteur

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